L’Atelier TER
L’Atelier TER
Patricia, Gérard et Jean-Marc se sont réunis dans le Finistère pour y travailler la terre, le grès et la porcelaine, car “c’est ici que tout commence” comme on dit là-bas. L’Atelier TER se situe à quelques pas de l’atelier PAïSAN, alors nous avons cultivé le lien.
Où sommes-nous ?
A l’atelier TER, rue Louis Pasteur à Audierne, en Bretagne ! Nous sommes installés ici depuis le mois de novembre.
Quelle est la symbolique du nom Atelier TER ?
TER car nous sommes trois, la terre et enfin le Finistère, ce nom a une vraie signification pour nous.
Que cultivez-vous ?
L’objet du quotidien.
Et avec trois univers ?
Gérard : Le brise-vue et le carreau, la porcelaine.
Jean-Marc : la petite vaisselle du quotidien et le luminaire.
Patricia : le grès et les objets du quotidien.
Le lien c’est la Terre ?
Oui. Ce n’est pas la même terre mais nous avons des façons différentes de la travailler.
D’où viennent ces terres ?
Le grès de Saint-Amand ou de Bourgogne et la porcelaine de Limoges. Mais sur la porcelaine il est très difficile d’avoir le détail sur les compositions. Il est écrit Limoges France mais il y a de fortes chances qu’il y ait du feldspath de Nouvelle Zélande et du kaolin d’Australie. Ce sont des secrets de fabrication. Contrairement au grès de Saint-Amand qui est extrait, débarrassé de ses cailloux, lavé, nettoyé et utilisé tel quel, les porcelaines ce sont toujours des assemblages de kaolin, feldspath, silice pour l’essentiel. Et nous ne connaissons ni les proportions ni la provenance, mais c’est assemblé à Limoges.
Ça veut dire quoi “La céramique” ?
C’est de la terre, cela peut être du grès, de la faïence ou de la porcelaine, transformée par la chaleur ou le feu, et de façon irréversible, ça ne peut pas redevenir de la terre.
Les étapes de fabrication sont différentes pour chacun de vous trois ?
Elles sont surtout différentes entre les garçons et les filles ! (rires). Plus sérieusement, Patricia a un tour sur lequel elle met de la terre et fabrique ensuite ses objets qui peuvent aussi être modelés à la main ou sur une plaque en terre.
Pour Jean-Marc et Gérard c’est différent ?
C’est un procédé de coulage. Il nous faut d’abord un moule fabriqué ici à partir d’un prototype, en général en plâtre. Nous dupliquons ensuite ce moule pour faire de petites séries.
Et ensuite le four ?
Deux passages au four, une première fois à 980°C, ensuite nous passons l’émail et enfin la deuxième cuisson à 1280°C. Même sans émail il faut cuire une deuxième fois à haute température pour terminer de cuire la terre qui doit “se fermer”.
Un objet signature pour chacun d’entre vous ?
Les cuillères pour Patricia. Les suspensions et luminaires pour Jean-Marc et les panneaux brise vues pour Gérard.
Une plaque à oeufs ?
Quand on va dans le commerce on achète des œufs dans une boite moche alors l’idée est de les mettre dans autre chose à sa disposition. Et surtout pas dans un frigo !
Et la bouteille plate ?
Ce sont deux plaques de terre qui sont découpées, bombées, modelées puis assemblées.
La paille à mojito ?
C’est à la fois un pilon pour écraser le citron et la menthe et une paille pour boire.
Des dessins transférés sur de la porcelaine ?
Ce sont des dessins réalisés à partir de photos et ensuite je ramène des pigments sur une plaque de porcelaine.
L’objet de votre quotidien.
La petite perceuse de Jean-Marc, pour les luminaires, elle m’accompagne tous les jours.
La tasse à café de Gérard, un objet qui lui a permis de découvrir la terre, avec un vrai plaisir d’utilisation.
Et le sac à dos de Patricia.
Il n’existe aucune veine de terre intéressante pour la céramique en Bretagne ?
Il y a plutôt de la faïence et quelques gisements de kaolin, une des matières premières de la porcelaine, mais qui ne sont pas exploités car sans doute trop petits.
Le recyclage est un sujet ?
Chez nous toute la terre est recyclée tant qu’elle n’a pas été cuite une première fois bien sûr, ainsi que pour les émaux.
Un coup de gueule ?
Le faux artisanal. Les industriels qui reproduisent des imperfections volontairement pour les faire passer pour des objets fait-main et font ainsi penser que le fait-main est forcément mal fait. Il y a une méconnaissance de la céramique en France. On ne fait pas la différence entre un objet vraiment fait-main ou faussement fait-main, il faut sentir le travail d’un être humain. S’il n’y a pas quelque chose de soi dans l’objet, il n’a pas d’âme, ni émotion, il ne vit pas, qu’il soit parfait ou pas, peu importe. En Angleterre ils ont une émission type “top Chef” mais pour la céramique.
Peut-on faire un lien entre l’art, l'artisanat, la manufacture et l’industrie ?
La façon dont on conçoit son travail.
Pourquoi avoir choisi de vendre des objets PAïSAN ?
Parce que nous avons découvert les tabliers et que nous cherchions à proposer des objets complémentaires aux nôtres et avec les mêmes valeurs.
Un lieu à nous faire découvrir ?
Un lieu qu’on aimerait découvrir aussi : la buvette de Pors-Théolen, entre la pointe du Millier et la pointe du Van. Il faut descendre et descendre pour arriver sur une toute petite plage et un tout petit port pour trouver une buvette tenue par la mère et la fille.
Un lien pour une prochaine rencontre ?
Dominique Lion, potier à Saint-Amand en Puisaye. Il connaît tous les coins de sa région et va chercher sa terre directement sur les talus, une personne extraordinaire à rencontrer.
Et aussi Mathilde, boulangère à Poulgoazec, elle fait du très bon pain, au levain naturel, pétri à la main et cuit au bois avec deux fournées par semaine qu’elle vend chez elle, sur commande la veille.
Cultivez le lien en retrouvant Patricia, Jean-Marc, Gérard et l'Atelier TER
sur instagram : @atelierter29