Wasterial, rien à jeter !
Que cultivez-vous ?
Chez Wasterial nous cultivons l’économie circulaire et le local. Notre premier métier et notre mission c’est de recycler un maximum de déchets ultimes, ce sont des déchets qui n’ont pas de filière de recyclage en France et qui sont voués à l’enfouissement ou l’incinération. On aime beaucoup cette idée de circularité, dans le recyclage mais aussi dans le lien que l'on a avec nos partenaires et clients.
Expliquez-nous Wasterial.
Wasterial est la contraction de Waste, déchets en anglais, et material, materiau, puisque derrière ce nom de marque il y a un engagement : au moins 75% de déchets dans chaque matériau et chaque produit qui sort de notre usine.
L'avenir est-il dans nos poubelles ?
Aujourd’hui nous épuisons beaucoup de nos ressources et l’une des ressources inépuisables c’est le déchet puisque partout où il y a des êtres humains il y a du déchet, donc nous croyons beaucoup à ce modèle de matières premières secondaires.
Rien ne DOIT se perdre, tout DOIT se transformer ?
Effectivement, et on a de belles initiatives aujourd'hui, le recyclage progresse. Beaucoup d’entreprises et de projets s’intéressent aux déchets qui restent encore sur le bas côté pour leur donner une seconde vie. On aura atteint un idéal de vie quand on arrivera à tout retransformer et remodeler pour donner une seconde vie à ces déchets.
Quelques mots sur la procédure de fabrication ?
Pour la plupart des déchets le process est le même : nous récupérons un gisement de déchets, nous le broyons dans une granulométrie définie. Certains sont réduits en poudre, ce qui est le cas de la brique. A l'inverse, le verre de pare-brise ou le verre ménager ou les coquilles d'huîtres sont travaillés dans des granulométrie un plus élevées pour donner de la matérialité. Ensuite on agglomère ce déchet à l’aide d’un liant pour obtenir une pâte qui sera coulée dans un moule en silicone. L’avantage de la formulation du wasterial est d’avoir un matériau qui ne nécessite quasiment pas de cuisson. La réaction chimique va se faire dans le moule avec un séchage en quelques heures. Nous avons donc un impact énergétique faible. Une fois que le produit est sec il suffit de le démouler et faire quelques finitions, ponçage et huilage etc.
Quel est le liant ?
Le liant est une résine qui est elle-même issue du recyclage pour tous les objets d’intérieur, mobilier ou décoration donc c’est le cas des bougies PAïSAN. C’est une résine qui est considérée comme un rebus de la part des fabricants de résine, elle est vouée à la décharge mais nous la récupérons. Les pots PAïSAN sont donc issus à 100% du recyclage.
Le recyclage systématique ne va-t-il pas pousser à surconsommer ?
Cela peut être un risque mais nous en sommes encore loin, beaucoup de gens surconsomment sans se préoccuper du recyclage de leurs produits. Nous nous intéressons à des gisements de déchets qui n’ont pas du tout de filière de recyclage pour le moment et qui sont sont des déchets inévitables. des déchets de construction, d’industrie et de fonderie nous en aurons encore pour de nombreuses années. Ce sont les déchets industriels qui sont en très grande quantité et nous en parlons très peu quand on parle de recyclage.
Qu'y a-t-il dans votre poubelle aujourd'hui ? sans tricher.
Essentiellement du papier, des feuilles de réunion et du carton, parce que oui nous faisons le tri !
Aucune idée ne doit être jetée ?
Toutes les idées ne sont pas forcément bonnes mais elles doivent toutes être prises en considération. Nous avons beaucoup d’idées et parfois trop mais c’est comme ça qu'on innove. On reproche parfois aux acteurs du recyclage d’être un peu rêveurs et utopistes mais si ces gens là n’y croient pas on y arrivera jamais. Il faut toujours des gens qui soient un peu futuristes et qui foisonnent d’idées pour que de beaux projets comme le vôtre ou le nôtre puissent exister.
Votre regard sur PAïSAN ?
C’est avant tout cette dimension locale, de revalorisation de matières issues de l’artisanat ou de l’industrie locale qui nous rejoint et qui nous semble hyper pertinente. Cette volonté de créer une relation et de devenir partenaires. Nous n’aimons pas non plus les mots fournisseurs ou clients, on avance avec nos clients pour créer un écosystème plus durable et plus respectueux de l’environnement. Et c’est avec nos différences que nous sommes complémentaires.
Comment est né le projet ?
Cela a commencé avec des déchets de déconstruction puisque Espérance Fenzy qui a créé la société est ingénieur de BTP, de formation et de métier. C’est né d’une révolte de voir des tonnes de déchets qu’on envoie en enfouissement à la suite de projets de déconstruction et de curage de bâtiments.
Combien de tonnes avez-vous déjà recyclées ?
500 tonnes sur l’année 2021 et nous sommes aujourd’hui à environ deux tonnes par jour de matières revalorisées.
Et d’où viennent ces déchets ?
Ces gisements de déchets sont locaux, dans un rayon de 200 km autour de notre usine de Tourcoing. L’idée étant de ne pas déplacer les déchets et ne pas avoir d’empreinte carbone importante pour leur transformation.
Chaque Wasterial a une histoire à raconter ?
Chaque wasterial est composé d’un déchet qui a une première vie donc avec chacun d’eux on raconte une histoire. En tant que lillois on aime beaucoup l’exemple de la coquille de moules de la Braderie de Lille.
Et les matières utilisées pour les Pots à bougie PAïSAN ?
Il y a les coquilles d'huîtres qui est un gisement normand, nous sommes en partenariat avec un ostréiculteur qui conserve ses coquilles d'huîtres pour les revaloriser. Nous travaillons aussi la brique, un déchet qui évoque beaucoup de choses pour les gens du Nord de la France et bien d’autres. Pour PAïSAN nous allons recycler le sable de fonderie, un déchet industriel en très grande quantité, riche par sa couleur et son aspect. Et enfin le verre de pare-brises et bouteilles.
Une aspérité devient donc une singularité ?
C’est important de voir et de comprendre que l’objet est issu du recyclage. Nous sommes tous des créatifs et à la recherche de l’esthétique, en revanche sur 100 pots à bougies, elles ne seront pas toutes identiques, il y a des nuances, des aspérités, il peut y avoir des morceaux de matières plus ou moins gros, ou une couleur plus ou moins présente dans un produit. Nous ne sommes pas sur de la standardisation, ce n’est pas ce que nous recherchons.
On aurait pu numéroter chaque bougie PAïSAN ?
Effectivement, et nous le faisons sur certaines éditions.
Pourrions-nous vous confier nos chutes de tissus en lin ou laine ?
Un de nos métiers est de trouver des solutions à nos partenaires pour recycler leurs déchets à travers des missions de recherche pour développer de nouveaux wasterial à partir de gisements de déchets inédits.
“Montrez-moi votre poubelle et je vous dirai quoi en faire ?”
Tout à fait. Quand on se rend dans une décharge, la plupart des gens voient une poubelle géante, et nous nous y voyons plein d’idées et de ressources.
Vous pouvez revaloriser n’importe quelle matière usagée ?
Nous pourrions tout revaloriser mais tous les déchets ne sont pas bons. Quand nous développons un nouveau wasterial il passe un test d'innocuité environnemental qui nous permet de vérifier qu’elle est inerte et non dangereuse pour l’environnement. Certains matériaux avec des métaux lourds, comme les ampoules, vont présenter un taux trop important après transformation donc on se refuse de commercialiser cette matière car elle restera nocive pour l’environnement.
Quelques exemples d’objets à partir du wasterial ?
Le Wasterial est un matériau solide qui va permettre de fabriquer des produits assez divers, beaucoup d’objets de décoration et du mobilier mais nous proposons aussi du revêtement mural, carrelage, plans de travail mais aussi de l’extérieur avec des dalles ou des pas japonais à mettre dans la pelouse, des lames de bancs publics. Il résiste aux UV et aux changements de température.
L’objet de votre quotidien ?
Nos moules en silicone . C’est dans ce moule que notre travail de développement produit et d’étude prend forme et voit le jour.
Un lieu à nous faire découvrir ?
Le bazar SaintSo dans l’ancienne gare Saint-Sauveur de Lille, un lieu où sont en résidence plusieurs artisans et artistes, dessins, créations de mobilier, de lustres, de la revalorisation de produits, tout a une empreinte responsable.
Un lien pour une prochaine interview ?
La Gentle Factory, une marque roubaisienne de vêtements made in France, très engagée pour l’environnement.
Cultivez le lien en retrouvant Quentin et Wasterial
sur Instagram @etnisi_collection