TRICOLOR, le Collectif de la Laine Française
Que cultivez-vous ?
Le goût pour la fabrication locale et pour les savoir-faire. C’est une culture que notre société a beaucoup laissé se déprécier ces dernières décennies. Fabriquer, produire, faire, étaient des termes devenus presque vulgaires. Les ateliers se sont délocalisés, les métiers leur correspondant ont été boudés par les nouvelles générations, alors il est temps de cultiver la connaissance des savoir-faire et d’éclairer les consommateurs pour que l’acte d’achat soit porteur d’impacts positifs et de sens.
Tout a commencé par une web série ?
Se cultiver soi-même a été le premier réflexe afin d’être en mesure de partager avec le plus de justesse possible les multiples facettes de la filière. Aller dans huit départements à la rencontre d’une trentaine d’acteurs parmi les plus engagés de la filière lainière française, comprendre les enjeux de chacun des maillons, montrer la richesse de chaque métier et la diversité des compétences et des approches… Cette étape initiatique s’est concrétisée par la réalisation d’une web série en 6 épisodes avec New Wave Production, construite comme un voyage d’un bout à l’autre de la filière, du mouton au produit fini…
La laine est un lien sociétal ?
La laine rend tangible le lien sociétal qui unit les mondes de l’élevage, de l’industrie et des métiers de la création. Conjuguant les savoir-faire et les expertises croisées de l’ensemble des maillons, de la génétique à la distribution en passant par les nombreux métiers qui concourent à la transformation de cette matière noble et naturelle, le Collectif Tricolor permet de remettre du sens au cœur d’un système de production malmené par plusieurs décennies de désindustrialisation et de globalisation.
Quel est le problème aujourd’hui avec la laine française ?
Seulement 4% de la laine de moutons élevés en France est transformée localement.
Et où va le reste ?
Le reste part en majeure partie vers la Chine où se trouvent les plus grands centres de lavage au monde.
Donc la laine de nos moutons part loin pour revenir après avoir été transformée ?
Il n’y a aucune certitude quant au retour de cette laine sous forme de produit fini. Il n’y a aucune traçabilité pour cette matière. Peut-être est-elle mélangée à des laines plus fines afin de faire baisser les coûts des fils ? Ou bien elle est utilisée localement pour des usages peu valorisants comme du rembourrage de matelas. Il n’y a aucune certitude et aucun contrôle possible.
Combien de moutons en France ?
7 millions de moutons élevés par des professionnels en France, dont 1,15 millions de brebis Lacaune dans le sud du Massif central : le plus grand cheptel de même race en Europe. Une production annuelle d’environ 14 000 tonnes de laine en suint.
Et combien de races ?
58 races de moutons réparties sur l’ensemble du territoire : Merinos d’Arles, Noir du Velay, Vendéen, Est à laine Merinos, Ile de France, Solognote, Bizet… L’agropastoralisme des Causses et Cévennes est inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, notamment pour l’élevage des brebis Lacaune et Raïoles.
Les missions du collectif Tricolor ?
Rassembler les acteurs de la filière lainière française qui souhaitent s’engager et s’investir pour (re)développer une filière laine à haute valeur ajoutée en France. Construire une vision commune en signant collectivement la charte qui détaille 6 engagements fondateurs. déployer ensemble un programme collaboratif afin de garantir la traçabilité, d’améliorer la qualité et d’accroître l’usage des laines françaises tout en faisant la promotion des métiers et des savoir-faire de chaque maillon de la filière.
Et quels sont ces 6 engagements ?
Attractivité, proximité, traçabilité, équité, qualité et responsabilité.
Equité et proximité ?
Rendre disponible une matière produite localement et apporter une rémunération plus juste aux éleveurs.
Il faut, au minimum, avoir un chien de berger pour être membre du collectif ?
On peut aussi avoir une brebis !
Le premier objet PAïSAN en laine sera une charentaise, une bonne idée pour participer aux missions du collectif Tricolor ?
Le Collectif Tricolor entend reconnecter le consommateur et les territoires. Les races portent souvent le nom des territoires qui sont leur berceau, c’est un point commun avec la charentaise qui tient aussi son nom d’une région. Le choix de cet objet est par conséquent un excellent moyen de nous remémorer l’importance du territoire dans les objets que nous consommons.
Et si nous préparions un rdv Collectif Tricolor à l’Atelier PAïSAN à Paris ?
Avec grand plaisir sitôt que les premiers objets PAïSAN seront arrivés !
Votre objet du quotidien ?
Un tote-bag en laine française qui m’accompagne depuis le début du projet il y plus de trois ans et qui ne bouloche toujours pas !
Un lieu à nous faire découvrir ?
La chapelle Saint-Martin du Méjan à Arles qui, suite à la révolution française, a été convertie en dépôt de laine et encore aujourd’hui l’inscription « Coopérative des éleveurs du Merinos d’Arles » est gravée sur la façade.
Un lien pour une prochaine interview ?
Eric Carlier, fondateur du Passe-Trame et engagé dans le tissage de draps de laines françaises depuis des années et dont le travail a rendu possible la création du Collectif Tricolor. lepassetrame@gmail.com
Cultivez le lien en retrouvant Pascal et le Collectif Tricolor
sur Instagram @collectiftricolor
sur Internet collectiftricolor.org