En Selle avec Augustin Baconnet
Que cultivez-vous ?
On a cultivé une envie de découvrir la France car on vit l’un à Bordeaux et l’autre à Paris. On avait le sentiment partagé de ne pas connaître nos régions.
Le documentaire en quelques mots ?
26 minutes qui retranscrivent toutes ces aventures sportives et humaines puisqu’il met en scène ces visites d’entreprises mais aussi toutes les galères sportives auxquelles on a dû faire face, et les magnifiques paysages du périple.
Comment est née l'idée de ce documentaire ?
Elle est née au Lycée puisqu’à la fin de mes épreuves au baccalauréat j’ai décidé de faire un tour de Gironde et des acteurs locaux. C’était le plus beau voyage de ma vie alors que j’avais eu la chance d’avoir déjà beaucoup voyagé à l’étranger. En rentrant je me suis dit qu’il fallait faire la même chose mais à l’échelle nationale.
Comment avez-vous dessiné votre parcours ?
Trois mois de préparation. On a noté les 50 points d’intérêt sur la carte de France puis contacté chaque entreprise pendant le premier confinement. La chance qu’on a eu c’est qu’ils étaient un peu plus disponibles sur cette période.On a dessiné l’itinéraire en fonction des réponses avec Bordeaux comme point de départ le 29 juin et Paris pour une arrivée le 13 septembre 2020.
Quel lien entre ces artisans, manufactures, agriculteurs et éleveurs ?
Trois types d’entreprises : les problématiques durables, les savoir-faire traditionnels et les nouvelles technologies. On a visité aussi bien des meilleurs ouvriers de France que des agriculteurs, des éleveurs mais aussi des grands groupes ou des entreprises qui existent depuis plus de cent ans et qui sont des TPE-PME.
Quel point commun entre elles ?
Elles ont toutes des solutions viables économiquement et durables socialement. Ce qui m’a frappé c’est de voir qu’il y a des solutions à 10 km de chez chacun d'entre nous, elles existent et il faut les promouvoir.
Une rencontre inattendue ?
Il y en a eu plus d’une mais la plus belle rencontre de ce tour c’est celle avec Jean-Paul Tisseyre, coutelier et meilleur ouvrier de France en 2007, le concours le plus exigeant. Et Il nous explique qu’il n’a jamais reçu une seule formation dans ce domaine. Il nous a reçu dans son entreprise, et chez lui avec sa famille. Une belle rencontre en Ariège, territoire très touché par la délocalisation de l’industrie textile.
On découvre aussi un fabricant de sabots en bois.
Incroyable, un personnage formidable, dans les Landes, avec des machines qui ont près de cent ans mais un savoir-faire et une passion intactes
Le mot circuit-court revient souvent dans le documentaire.
Nous l’avons entendu très souvent car il est imprégné dans cette logique de savoir-faire et de développement durable. Que ce soit un grand groupe ou une TPE-PME c’est important de favoriser les circuits courts, c’est comme ça qu’on casse ce cercle vicieux.
Savez-vous que nous ne transformons que 4% de notre laine de mouton ?
On a croisé beaucoup de moutons, notamment dans le pays-basque mais je ne le savais pas.
Votre projet de vie est-il différent après ce parcours ?
Je suis encore étudiant mais quel que soit le choix professionnel que j’aurai à faire dans les prochaines années il sera forcément marqué par toutes ces valeurs auxquelles j’ai été confronté. Donc si j’ai la chance un jour de créer une entreprise il y aura du durable, des nouvelles technologies et ce sera made in France.
Vous frappiez aux portes pour trouver le logis et le couvert ?
Tous les soirs sans exception. Il fallait arriver à chaque étape avant 19h pour avoir au moins une heure et demie devant nous pour trouver notre hôte. On a été extrêmement bien reçus par des gens d’univers complètement différents et avec toujours une immense générosité. C’était sans doute l’expérience humaine la plus forte que de passer du temps avec des personnes différentes chaque soir. Trois heures à table pour découvrir les gastronomies locales mais aussi beaucoup d’histoires qui vont nous marquer à vie.
Une rencontre particulière ?
Un soir chez deux meilleurs amis de presque 90 ans qui nous ont reçus. Ils avaient, eux aussi, sillonné le territoire français à vélo pendant la seconde guerre mondiale. L’évocation d’un souvenir les a fait pleurer, et ils nous ont embarqués dans leur émotion.
Qui filmait ?
Aucune équipe de tournage. Juste une petite caméra posée et un drone qui nous suivait et que je pilotais en pédalant.
Avez-vous vu les autres films du festival ?
J’ai eu la chance de travailler un peu avec le festival donc j’ai découvert les autres documentaires en avant-première. Ce sont d’autres aventures, d’autres histoires qui sont extrêmement belles. Nous sommes très fiers de participer à ce festival et de voir notre documentaire projeté dans une vingtaine de salles dont le Grand Rex à Paris.
Combien de chambres à air ?
Une douzaine pour 5.000 kilomètres, ça va, mais on a eu énormément de problèmes avec les chaînes, le pédalier, des rayons cassés, des réparations qu’il a fallu faire au fur et à mesure du tour. Les vélos sont arrivés dans un très mauvais état.
L’objet de votre quotidien sur ce parcours ?
Les bidons. Ils étaient toujours trop vides ou il y en avait pas assez. Ils sont souvent en plastique donc il faudrait des bidons durables.
Votre regard sur PAïSAN ?
C’est très important d’avoir des initiatives de ce type qui se lancent, avec des logiques de développement durable et le bienfait social que la production locale induit. J’espère que ça va encore plus décoller ! La route de l’entrepreneuriat est aussi très longue mais je n’ai aucun doute sur la réussite.
Un lieu à nous faire découvrir ?
Le col d’Iraty, encore sauvage, dans le pays basque, l’Aubrac avec ses paysages magnifiques au milieu de nulle part et enfin, plus touristique, le Pont du Gard.
Un lien pour une prochaine interview ?
Grégoire Cazcarra, qui a écrit le livre “Génération engagée”, publié chez VA Editions.
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sur Instagram @augustinbaconnet et @tousenselle.eu