Les petits papiers de Charlotte Sagory
Que cultivez-vous ?
Je cultive des objets en papier. Je suis Paper Artist à Paris et fabrique des objets en papier pour la pub, des scénographies, des vitrines et plein de choses très amusantes. Je cultive l’imaginaire, le côté décalé et l’optimisme. J’aime bien fabriquer des objets qui font rire ou rappellent des souvenirs d’enfance.
C’est très régressif ?
C’est un medium qui est à la portée de tout le monde. On l’utilise au quotidien et cela fait appel à l’imaginaire.
A chaque découverte d’objet on écarquille les yeux.
J’ai un univers très coloré, un peu enfantin, assez « magasin de bonbons » quand on rassemble beaucoup d’objets ensemble. J’offre un petit tourne-disque en papier à chaque nouveau client, c’est mon objet phare, et à chaque fois c’est trop chouette de voir la réaction des gens.
Vos objets vous ressemblent aussi, vous êtes toujours dans l’énergie positive.
Merci, j’essaye. Je suis quelqu’un de plutôt optimiste et en effet je crois que mes objets me ressemblent.
Tout a commencé par les pinatas ?
Oui. J’ai travaillé chez Make My Limonade pendant un certain temps. et complètement par hasard, avec la demande de clients, je me suis retrouvée à faire des pinatas, des gâteaux géants et je me suis épanouie en fabriquant des choses.
Et on vous appelle la Reine des pinatas !
C’était mon titre sur ma carte de visite, j’en étais trop fière. Très festif et régressif aussi mais j’essayais d’utiliser d’autres matières que le papier crépon pour proposer des formes un peu plus chics, autres que les licornes, en velours ou en tissu avec une finition plus fine, c’est très beau.
C’est quand même dommage de faire des objets aussi beaux voués à être détruits.
Je les remplis rarement ! Mais ça arrive oui et ça fait mal au coeur. J’ai un petit garçon et chaque année pour son anniversaire je lui fais le chiffre correspondant. Je pense que je m’arrêterai pour ses dix ans ! On se balade tout l’été avec, on fait plein de photos et à la fin on est ok pour la casser.
“Laissez parler les petits papiers ?”
Oui c’est la comptine classique et en effet en fonction des papiers il y a plein de choses qui se racontent. Tout le monde a une histoire avec du papier journal. Moi je me souviens quand mon père lisait son journal, je tapais dedans, ça le transperçait et c’était le drame.
L’origine du papier est un sujet ?
Honnêtement malheureusement non. Je n’ai pas réussi à en faire quelque chose de “propre”. Mon univers est très coloré et en termes de papiers recyclés il y a très peu de couleurs, donc grosse frustration. Par contre j'essaye de trier mes découpes pour les réutiliser ou les donner à une école.
Ça veut dire qu’il y a encore des choses à faire avancer ?
Bien sûr ! Il y a plein de choses encore à développer dans le papier.
Beaucoup d’objets du quotidien ?
Je suis très sensible au vintage et aux objets de mon enfance. Par exemple, mes parents avaient un juke box, c’est un objet fascinant et je suis trop triste que cela disparaisse. J’ai fait un Polly Pocket à une échelle plus conséquente et ça parle à beaucoup de gens de ma génération. Ce sont les objets les plus désuets qui sont amusants à reprendre comme un grille-pain par exemple. Il y a plein d’objets à faire et autant d’histoires à raconter.
Entre immeubles haussmanniens et french district de Miami ?
J’adore faire des immeubles. La première fois c’était pour accompagner une collection de vêtements inspirée de Miami, donc je me suis baladée sur street view pour « visiter » Miami et j’ai refait les hotels. C’est très vintage, art-déco et j’adore. Ensuite on m’a demandé de faire des hotels parisiens avec tous les petits détails. Il n’y en a pas deux pareils et c’est toujours des petites découvertes.
On a envie que les volets et les fenêtres s’ouvrent.
Exactement. Mais généralement je n’ai pas le temps d’aménager l’intérieur !
Et la rue la plus colorée de Paris ?
La rue Crémieux, je viens de faire une de ses maison. Et mon atelier est pès de la rue Sainte-Marthe qui est très colorée aussi. Tout cela me fait aussi penser à Burano.
Et aussi des installations ?
Les vitrines c’est vraiment ce que je préfère. On peut faire plein d’objets et voir les gens s’arrêter pour rentrer dans l’univers. Et sur certains sujets mon mec ajoute des moteurs pour automatiser et donner du mouvement. On a tous évidemment les vitrines de Noël en tête.
Et toutes les vitrines d’un grand magasin ?
Oui, honnêtement c’est un rêve alors j’attends, et je lance un message pour le BHV, les Galeries Lafayette, Le Printemps ou d'autres ! J’adorerais avoir plusieurs tableaux.
Peut-être bientôt une vitrine avec PAïSAN ?
Avec plaisir ! On a plein de choses à se raconter.
La prochaine installation ?
Je vais installer une grosse oeuvre au Grand Palais éphémère pour une marque de vodka française, GreyGoose. Ce sera une envolée d’oies toutes blanches, pas de couleur cette fois-ci.
Et aussi le livre Le Paper Art ?
J’ai accepté de faire ce livre avec CréaPassion dans le cadre d’une très belle collection et avec une grande liberté. J’avais carte blanche pour proposer vingt objets.
Un objet simple à créer soi-même ?
Le plus simple c’est les fleurs. On a pas besoin d’être précis et c’est toujours joli même si les pétales ne sont pas de la même taille. Si vous tapez Paper Art vous trouverez plein de tutos pour débuter.
Si je vous dis Chifoumi ?
Papier ! Ou « ciseaux », ça marche aussi. Je gagne quelques fois, j’ai pu choisir la couleur de la poussette de mon fils en jouant dans le magasin.
Votre regard sur PAïSAN ?
C’est essentiel d’aller à des choses plus locales et humaines, et de savoir d’où viennent nos objets du quotidien.
Un objet de votre quotidien ?
La machine qui découpe. Je lui envoie mes fichiers illustrator et elle me déocupe toutes les formes. Je n’ai plus qu’à rainurer, plier et coller. C’est clairement mon collaborateur à temps plein. Je viens d’en acheter une nouvelle donc je suis en folie sur tout ce qu’elle peut faire ! Je ne lui ai pas encore donnée de nom car je ne l’ai que depuis une semaine. Je donne toujours des noms à mes objets, la précédente s’appelait René. Je l’avais reçue le jour de la mort du mari de Céline Dion.
Un lieu à nous faire découvrir ?
Le Moulin des Lambotte, en Basse-Normandie, des chambres d’hôtes. Un lieu incroyable, très kids friendly, et Cécile qui tient le lieu avec son mari cuisine divinement bien, c’est parfait.
Un lien pour une prochaine interview ?
Le pavé, un matériau d’écoconstruction à base de déchets plastiques. Ils proposent un plan de travail très beau. Et Cycle Terre à Sevran, ils recyclent les déblais du chantier du Grand Paris.
Cultivez le lien en retrouvant Charlotte
sur Instagram @charlotte_sagolri
sur Internet charlotte-sagory.com